Le départ de Paul Scholes, la fin d'une ère

31 mai 2011

Le départ de Paul Scholes, la fin d'une ère

Décidément, ce 19^ème titre a un goût amer. Après la défaite en finale de Ligue des Champions sans presque avoir eu un mot à dire, nous apprenons aujourd’hui la retraite d’une légende du club, l’un des meilleurs joueurs qu’il m’ait été donné de voir sur un terrain. Avec sa classe et sa discrétion, Paul Scholes, notre rouquin préféré, a attendu le lendemain de la parade pour annoncer son départ, pour ne pas gâcher la fête, pour partir sans bruit.

Pour l’annoncer, pas de conférence de presse crépitant de flashes, juste un communiqué officiel. Pas de déclaration de son agent non plus, il n’en a jamais eu ! Pendant que le monde du football lui rendra hommage avec tous les superlatifs qui lui sont dû et que ses plus beaux buts seront passés en boucle, Scholesy sera en vacances avec sa femme et ses enfants. Le maestro tire sa révérence. Nous ne le verrons plus jamais distiller ses caviars à tous les coins de la pelouse, nous ne le verrons plus jamais venir de la deuxième ligne pour envoyer un missile dans la lucarne, et nous ne le verrons plus jamais tacler comme un diablotin…

Je ne suis pas un grand bavard mais je peux dire honnêtement que le football est tout ce que j’ai toujours voulu faire et connaître une si longue et belle carrière à Manchester United fut un réel honneur. Ce n’est pas une décision prise à la légère mais je sens que c’est le bon moment pour arrêter de jouer. Avoir fait partie de cette équipe qui a permis au club d’atteindre ce 19^ème titre est un grand privilège.

Je voudrais remercier les fans pour leur formidable soutien tout au long de ma carrière, je voudrais également remercier tous les entraîneurs et joueurs avec lesquels j’ai travaillé pendant toutes ces années, mais surtout, je voudrais remercier Sir Alex pour avoir été un si grand manager, depuis le jour où j’ai rejoint le club, sa porte a toujours été ouverte et je sais que cette équipe continuera à remporter des trophées sous sa direction.

Scholes faisait partie de cette classe de 92, avec les Neville, Beckham, Giggs, et Butt. Cette génération qu’Alan Hansen avait critiquée en affirmant qu’on ne « gagnait rien avec des gamins ». 10 titres, 3 Cups et une Ligue des Champions (entre autres) plus tard, Scholes a tout gagné avec son club. Et lorsque même son ami Ryan Giggs fait finalement la une de la presse à scandale, Paul Scholes s’en va comme il est venu, sur la pointe des pieds. Il fut pour Sir Alex le joueur idéal : talentueux, travailleur, dévoué et, contrairement au Spice Boy, plus attiré par l’ombre que par la lumière. C’est probablement cet anti star system qui fera qu’il sera toujours oublié au moment des récompenses, mais Scholes s’en foutait.

Il y a deux ans, il affirmait qu’il continuerait de jouer tant qu’il serait convaincu d’apporter quelque chose à United. Après son but décisif face à Barcelone nous menant à la finale à Moscou, c'est face à ces mêmes catalans qu'il jouera ses dernières minutes en tant que joueur. Et s'il est un joueur de notre équipe qui aurait pu sans difficulté s'intégrer au jeu et à la philosophie du Barça, c'est Scholesy. A 36 ans et des poussières, il range le maillot mais pas les crampons, puisqu’il intègrera le staff dès cet été. Et ne vous attendez pas à un jubilé ou quoi que ce soit dans le genre, la légende s’en va par la petit porte. Sir Alex n’a donc pas réussi à le convaincre de rester une année de plus, et peut déjà se creuser la tête pour trouver celui qui aura la lourde tâche non pas de le faire oublier, mais de le remplacer, tant bien que mal.

Que puis-je dire de plus à propos de Paul Scholes que je n’ai pas encore dit ? C’est un joueur vraiment incroyable qui va nous manquer. Paul a toujours été engagé envers ce club et je suis ravi qu’il joigne le staff technique dès la prochaine saison. Paul a toujours inspiré les joueurs de tous âges et nous sommes convaincus que cela sera encore le cas dans son nouveau rôle.

Neville, Scholes, Van der Sar et bientôt Giggs, une page est en train de se tourner à United. Ces jours que nous craignions tant sont arrivés, cette génération dorée passe le relais et restera à jamais l’exemple à suivre pour tous ceux qui auront le privilège de marcher sur leurs pas. Sir Alex et David Gill ont du pain sur la planche, plus que des grands joueurs, ce sont de grands hommes qui tirent leur révérence et ne nous laissent que nos larmes pour pleurer.

Salut l’artiste, et merci pour tout le bonheur que tu nous as procuré pendant toutes ces années.