L'élève Fergie dépasse le maître Busby

S'il était encore là, mon père pointerait un pistolet sur la tête de Sir Alex pour le faire signer un nouveau contrat de cinq ans. Il serait tellement fier de ce qu'a accompli Sir Alex pour United et je sais qu'il n'aurait pu rêver d'un meilleur homme pour lui succéder comme le manager ayant la plus grande longévité du club. - Sandy Busby, le fils de Sir Matt.

Que le destin peut être facétieux. Comme demain, par exemple, où il a fait en sorte que le déplacement du leader actuel de la Premier League chez le champion en titre corresponde au jour où Sir Alex Ferguson dépasse le record de longévité du légendaire Sir Matt Busby. Au moment de s'assoir sur le banc pour tenter de mener ses troupes à la victoire, Fergie aura certainement une pensée pour ces 24 années, un mois et quinze jours passées à la tête de Manchester United, qui lui ont permis de ramener gloire, fierté et honneur au club d'Old Trafford, après des années de vache maigre. Il aura également une pensée pour son compatriote et modèle qui veille encore sur le club, du haut de sa statue, à l'entrée du stade. Un modèle, une inspiration qui ne pouvait rêver d'un meilleur successeur.

Je suis surpris. Je dois admettre que c'est quelque chose à laquelle je n'ai jamais songé, ne serait-ce qu'un instant. Je pensais que Sir Matt Busby était ici pour toujours. Il a commencé à la fin de la guerre et est parvenu à remporter la Coupe d'Europe en 1968. Cette période semble beaucoup plus longue que la mienne. Bien sûr, il y a eu des moments d'émotion. Il a dû reconstruire l'équipe après Munich (le crash en 58 qui donna la mort à sept joueurs, entre autres). Il y avait tellement d'émotion. Je n'ai pas connu ça. C'est pour ça qu'il semblait avoir toujours été ici.

Sir Matt était beaucoup plus calme que moi. Nous avons deux caractères différents, avec des personnalités différentes. Les écossais ont cette détermination à bien faire les choses, peu importe de quoi il s'agit. Ils voyagent. Je suis descendu ici avec l'unique objectif de réussir. Le seul conseil important qu'il m'ait jamais donné était de ne pas lire la presse. C'était un très bon conseil et je ne l'ai pas lue depuis lors.

Liverpool était l'équipe dominante dans les années 80. C'est ce qui me motivait. C'était mon grand défi. La question des anciens joueurs du club était un sujet qui me tenait à coeur également. On l'a réglée en nommant plusieurs ambassadeurs, notamment. Je voulais garder tous nos grands joueurs au club, dans la mesure du possible. J'ai eu Sir Bobby Charlton dans le comité et Sir Matt Busby était là également. Ce genre de personnes peuvent comprendre la dimension de Manchester United. C'est indispensable pour comprendre le rôle d'un manager. Ça m'a beaucoup aidé.

Mais ce n'est pas à moi de dire où je me situe dans l'histoire de Manchester United. J'ai assez de préoccupations avec mon boulot et je dois faire en sorte que mon équipe soit prête pour le match de dimanche, qui sera très difficile.

Une légende vivante dépasse une autre légende. C'est ce qui fait que ce club n'est comparable à aucun autre, c'est ce qui fait que nous sommes Manchester United. Qu'importe le résultat de demain, Sir Matt Busby doit avoir le sourire, où qu'il soit.